Entrevue avec Piti #2

Une entrevue avec l'Escorte Piti

Bonjour à tous, nous sommes heureux de vous présenter notre deuxième interview exclusive en compagnie de l'une de nos membres : Piti

Piti est une travailleuse du sexe basée à Genève, et nous avons eu le privilège de discuter avec elle de son parcours, de son expérience et de sa vision du métier.

Chez La Compagnie, nous accordons une grande importance à la diversité et à l'inclusion, et nous sommes ravis de pouvoir donner la parole à une personne qui représente une communauté souvent marginalisée et stigmatisée. Nous espérons que cette interview permettra de sensibiliser le public à la réalité des travailleurs du sexe transgenres et de briser les stéréotypes et les préjugés qui les entourent.

Nous remercions Piti pour sa générosité et sa sincérité tout au long de cet entretien, et nous espérons que cette conversation inspirante et éclairante vous plaira autant qu'à nous.

Une entrevue avec l'Escorte Piti

Alors, raconte-nous ton histoire. Comment as-tu débutée dans l’industrie du sexe ? Et comment s’est déroulé ton parcours ?

J’ai débutée à l’âge de 16 ans d’abord par obligation pour survivre. Je me retrouvais à l’époque seule à squatter avec une petite bande d’amis, rejetée par mes parents, par ma famille et par la société à cause de ma transidentité.

J’ai tout de suite aimée ce métier non seulement pour le plaisir du sexe, mais aussi pour tous les échanges sans masque ni langue de bois avec les clients.

Comment la prostitution a évolué depuis que tu as commencée ?

Oooooh ce n’est plus du tout du tout la même chose. À l’époque, il n’y avait pas internet et une plus grande liberté de parole. Les clients étaient très nombreux et l’argent était relativement facile. On travaillait moins de temps et on faisait beaucoup plus la fête.

Le type de prestations a également beaucoup évolué, car la culture des pratiques sexuelles a beaucoup évolué ces dernières années avec des sites comme YouPorn.

Y a-t-il des gens du secteur que tu trouves utile ou intéressant à suivre sur les réseaux sociaux ?

Bien entendu LaCompagnie que je suis sur Insta. Je suis également les associations TDS suisses notamment Aspasie, ProCore et Xenia. En tant qu’ancienne lyonnaise je suis bien entendu Cabiria.

J’en profite aussi pour parler de mon podcast « Les jeudis du boulevard » que vous pouvez trouver sur Spotify et Deezer notamment que je coanime avec ma copine Judith.

Y a-t-il des gens du secteur que tu trouves utile ou intéressant à suivre sur les réseaux sociaux ?

Peux-tu nous en dire plus sur votre podcast ? 

Le podcast s’appelle « Les Jeudis du boulevard ». Il est disponible sur Spotify et Deezer.

Le monde de la prostitution est un monde inconnu du grand public. Je reste persuadée qu’il est nécessaire de communiquer, d’expliquer, de répondre aux questions que les gens se posent pour que nous soyons mieux considérées dans cette société. Le podcast me semble une bonne idée pour diffuser plus largement notre parole et faire comprendre à tous qui nous sommes.

Comment as-tu pris le choix de travailler en montrant ton visage ? Et comment le vis-tu ?

Tout le monde connait dans mon entourage familial, d’amis, proches et voisins mon métier et c’est avec fierté que je l’exerce. Tout est beaucoup plus simple et personne ne peut me faire chanter et me faire subir une quelconque pression.

J’ai eu cette « chance » de ne pas avoir de famille qui m’aime et que j’aurais pu décevoir ou choquer par ce type d’annonce. Tout a été donc facile pour moi sur ce point. Je le vis parfaitement bien et je suis surprise comment cela devient naturel et un non-sujet pour mes proches. Pour les autres, j’ai appris à oublier leurs regards et leurs haines et à vivre ma vie.

Le souci est surtout dans ma vie amoureuse et sentimentale. Mon métier a tendance à attirer des hommes qui veulent simplement « se faire une prostituée » ou en faire fuir d’autres avant même de me connaître. Cela m’a valu bien des déboires et pots de glace devant Netflix ;-)

En tant que travailleurs du sexe, nous sommes confrontés à de nombreux défis. Quels sont les problèmes qui te tiennent à cœur, et comment penses-tu que les clients peuvent aider les travailleurs du sexe et devenir de meilleurs alliés ?

En tant que travailleuse en Suisse, il y a bien entendu le maintien de la législation actuelle qui est un combat que nous devons continuer à mener car rien n’est jamais gagné.

Mais au-delà de cette législation, il y a bien entendu notre insertion dans la société et notre protection en tant que citoyenne. Nous subissons des discriminations inadmissibles et insupportables sur quasiment tous les plans de notre vie. Je peux citer le droit aux logement, l’accès au monde bancaire, les assurances, les soins …

Enfin, et c’est le plus important, la population a énormément de préjugés sur nous ce qui entraîne des comportements de rejet et de haine. Faire connaitre notre univers et la femme qui se cache derrière la professionnelle est un enjeu majeur si on veut que la population nous aide.

Le client subit également toute cette violence de la société s’il ose dire qu’il a recours à nos prestations. Je comprends que cela soit difficile pour lui de l’admettre et de donner le vrai climat et contexte de ces dernières. La libéralisation de sa parole nous aiderait bien évidemment beaucoup.

Enfin pour les pays qui nous entourent, il est urgent de faire taire les abolitionnistes qui nous poussent dans les bras de proxénète et encadrer la profession afin de nous rendre libres, indépendants et faire cesser les trafics que nous observons trop souvent dans ces pays.

 En tant que travailleurs du sexe, nous sommes confrontés à de nombreux défis. Quels sont les problèmes qui te tiennent à cœur, et comment penses-tu que les clients peuvent aider les travailleurs du sexe et devenir de meilleurs alliés ?

À quoi ressemblerai le rendez-vous de tes rêves ? 

Je suis une grande romantique donc ce serait un rendez-vous long (4-5 heures ou toute une nuit) avec un client ayant un fantasme jamais assouvis. On prendrait le temps de faire monter son envie et je pourrai lire dans ses yeux le plaisir. Plaisir que je prendrai tout autant que lui au moment de l’acte sexuel. On prendrait ensuite le temps de discuter de sujet dont il serait passionné pour qu’il puisse me transmettre cette passion. On assouvirait ensuite un autre de ses fantasmes sexuels. On prendrait le temps de faire monter son envie …. Encore et encore

Quelles sont les trois meilleurs villes où tu es allé, et pourquoi ?

  • Genève pour commencer. J’adore ma ville. Un peu comme le lac Léman, elle apparaît plate et sans intérêt de l’extérieur mais, sous cette apparence, boue une vie extraordinaire. Je n’oublie pas, non plus que c’est elle qui m’a accueillie, moi la lyonnaise paumée, prostituée et transgenre et qui a fait de moi une citoyenne fière et forte.

  • Marbella. On y fait la fête sans jamais s’arrêter, il fait beau, la nourriture est bonne et les andalous respire la joie de vivre.

  • Saint Louis de la Réunion. C’est une petite ville avec un charme fou, coincée entre une mer douce, chaude et accueillante et un pic volcanique luxuriant, protégé et naturel.

Quelles sont les trois meilleurs villes où tu es allé, et pourquoi ?

As-tu un rituel pour prendre soin de toi après un client ? Si oui, peux-tu nous le partager ?

Je fume une cigarette et en profite pour respirer profondément afin de faire baisser l’adrénaline de la prestation. Si c’est possible je prends une petite douche, je me re-maquille. Puis je place l’argent dans un endroit sécurisé.

Quelles sont tes hobbies et tes intérêts en dehors du travail ?

Je cours au moins une fois par jour. Je fais des trails sur de très longues distances (100 km et plus)

J’adore le shopping et suis très « fashion victim ».

J’adore m’instruire et suis très curieuse. Je creuse les sujets dont m’ont parlé les clients et que je ne connais pas.

Enfin et peut-être plus surprenant, je lis tout ce que je peux sur l’histoire médiévale. Si je n’avais pas tant aimée ce métier de professionnelle du sexe, j’aurais terminée mes études dans cette filière.

 

Quelles sont tes hobbies et tes intérêts en dehors du travail ?

Comment gères-tu ton temps de travail avec ta vie personnelle ? Prends-tu des jours de week-end, des vacances régulières … ?

J’essaie de séparer mes 2 vies. Je ne reçois pas chez moi mais dans un appartement que je loue pour l’occasion. Mes habits et même mes produits de maquillages sont différents.

Je prends un jour de week-end (lundi) systématiquement. Je prends du temps pour faire mes courses de trail (4 à 5 jours) et pour passer du temps avec mes proches quand ils peuvent venir sur Genève.

Je prends aussi une semaine de vacances en début d’année et 2 à 3 semaines durant l’été.

Au total, je travaille environ 300 jours par an ... Bref, je suis une travailleuse indépendante.

Mon restaurant préféré : Un bouchon Lyonnais

 

Mon odeur préférée : L'odeur de chocolat fondu

 

Mon sex-toy préféré : Un plug anal tout mignon en forme de Lapin

 

Si tu me proposes un verre tu peux m’offrir : Un Gin Fizz

 

La chose la plus dingue que j’ai faite dans ma vie : J’hésite entre m’enfuir du centre d’hébergement pour vivre ma vie de femme alors que je n’avais que 16 ans et pas d’argent ou terminer la Diagonale de fous, une course de 165 km et 10 000 m de dénivelé se déroulant à la Réunion en un peu moins de 37 heures.

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